La France traverse une crise politique depuis des mois. La démission du premier ministre Lecornu quelques heures après avoir nommé son gouvernement, gouvernement quasi identique à celui qui venait de tomber, est pathétique.
Pathétique parce que nos « dirigeants » ont montré leur inutilité quand pendant trois semaines la France n’a pas eu de gouvernement dans l’indifférence générale, prouvant bien par là le caractère parasite de ces ministres, alors que pour une journée de grève l’ensemble des travailleurs est traînée dans la boue sans interruption par les grands médias tenus par les capitalistes.
Inquiétant aussi parce qu’il aura suffi d’une réaction lapidaire de Bruno Retailleau, pourtant nommé dans ce « nouveau » gouvernement, pour faire tomber le premier ministre. Il est vrai que reconduire les mêmes ministres comme si de rien n’était, n’aura pas été le mouvement le plus habile de Macron mais il est symptomatique du mépris de la démocratie et des institutions pour les capitalistes.
C’est ainsi la frange la plus radicalisée de la droite, qui commande qui doit entrer au gouvernement ou qui n’y entre pas. Le parti de Bruno Retailleau n’a pourtant que 43 députés à l’Assemblée Nationale. Il est ainsi acté aux yeux des Français que les élections ne déterminent pas en pratique qui gouverne.
Ainsi la fascisation de l’Etat français, sur laquelle l’URC alerte depuis longtemps, en est à un tel stade que la promesse de ne pas avoir recours au 49,3 par Lecornu sonnait totalement creuse, tant il est évident que Macron va s’appuyer sur les partis d’extrême-droite pour gouverner.
Il est donc à craindre que des ministres fascistes, adhérents ou non au RN, puissent être nommés au gouvernement, sinon comme premier ministre.
L’un des éléments de la crise politique actuelle est évidemment la résistance des travailleurs en France qui s’ajoute à la résistance des peuples à l’impérialisme français, notamment en Afrique et dans le mouvement de soutien à la Palestine et contre le génocide à Gaza.
La CGT notamment a su, non sans débats autour du 10 septembre (et donc avec un temps de retard), prendre la place centrale qui est la sienne pour organiser la résistance des travailleurs, résistance qui s’est exprimée encore plus fortement le18 septembre.
La mobilisation a ainsi permis la chute du gouvernement Bayrou et le recul sur plusieurs mesures notamment sur les deux jours fériés qu’ils voulaient retirer. Actuellement, plus aucun budget n’est proposé à l’Assemblée.
Pourtant, ce mouvement social montre paradoxalement sa faiblesse en raison de sa stratégie réformiste consistant à aligner des dates isolées et des ultimatums naïfs. Alors que la population et l’opinion générale semblaient ouvertes à des mots d’ordre et des actions plus radicales permettant de construire une grève générale reconductible (quand bien même la construction de celle-ci ne se décrète pas et ne se construit pas facilement), il aurait fallu que les directions syndicales, et en particulier la CGT, donnent des mots d’ordre clairs et poussent à la lutte plutôt qu’à l’apaisement. En bas, « On ne veut plus », selon un célèbre mot repris dans le mouvement social actuel, mais là-haut, bientôt « On ne peut plus »… sauf à essayer de nouvelles combinaisons, soit en associant le PS, soit en associant le RN. Il faut préparer la relève.
L’heure est à la mobilisation générale, et à la conscientisation sur les véritables enjeux, immédiats et de long terme.
Les militants communistes doivent travailler à former les travailleurs, les organiser et massifier leurs organisations, en premier lieu syndicales.
C’est l’organisation du monde du travail qui permettra la lutte et c’est la lutte qui permettra un rapport de force suffisant pour bloquer la prise de pouvoir fasciste. Toute autre voie électoraliste risque de n’être qu’une (dés)illusion pour les travailleurs.
L’URC rappelle solennellement qu’il est évidement moins facile de s’organiser dans une société où les droits démocratiques et syndicaux sont réduits. Elle appelle toutes les organisations antifascistes à réfléchir aux modalités de lutte dans cette perspective.
Plus que jamais travaillons à l’union des travailleurs sur des mots d’ordre de classe pour résister au fascisme! No pasaran!
Plus que jamais renforçons l’alternative communiste à cette société en décrépitude.