Sur la victoire de Zohran Mamdani à New York

La diabolisation ne dissuade plus les quartiers populaires de voter pour leurs intérêts immédiats !

Au cœur de l’impérialisme dominant, dans la tourmente d’une course accélérée à la fascisation, une victoire électorale vient de retentir comme un contre-feu. C’est celle de Zohran Kwame Mamdani aux municipales de New York.

Proche de Bernie Sanders, issu du quartier populaire d’Astoria dans le Queens, il représente « l’aile gauche » du parti Démocrate (il est membre des « Démocrates socialistes américains » – DSA). Cette aile gauche est accusée d’islamisme, de « communisme », d’antisémitisme…, par le trumpisme Républicain bien sûr, mais aussi par l’appareil Démocrate (via son concurrent Andrew Cuomo, qui s’est tout de même présenté contre Mamdani à la Mairie, avec l’appui de l’état-major du parti démocrate). Diaboliser est souvent la dernière flèche de la bourgeoisie en crise, mais cette fois, rien n’y a fait : les quartiers populaires de NY ont voté massivement, et ils ont élu un progressiste résolu, par ailleurs immigré, musulman, pro-palestinien, aux discours et au programme de classe, centré sur le pouvoir d’achat des travailleurs.

Le racisme est l’une des deux jambes du capitalisme US. Il est consubstantiel à son histoire coloniale, esclavagiste et impérialiste. Cette victoire a donc, plus que d’autres antérieures, dans le contexte actuel de fascisation occidentale, un sens tout particulier, et nous voulons y prendre part, en saluant l’élan populaire qui l’a porté au pouvoir contre la vague fascisante du pouvoir fédéral. Trump a déjà menacé la mégalopole de représailles économiques si Mamdani était élu, ce qui est en soi un signe de ce que représente ce scrutin pour la bourgeoisie.

Contrairement à d’autres « racisés » droitiers, voire téléguidés comme le maire de Londres anti-Corbyn Sadiq Khan, ou l’ex-candidate US aux présidentielles Kamala Harris, Mamdani porte un discours de classe et une stratégie antiraciste et propalestinienne qui illustrent jusqu’à un certain point la contre-offensive populaire à la radicalisation libérale et raciste du bloc atlantiste. Nous savons qu’il n’est pas communiste, et que ses positions anti-impérialistes, certes hostiles aux blocus de Cuba et du Venezuela, sont insuffisantes. Il reste que le désarroi des médias autour de son élection ne nous laisse pas indifférents.
La lutte populaire anti-Trump et opposée à la collaboration génocidaire sioniste du pays montre avec cette victoire un premier signe de changement, une avancée, même si les pouvoirs du nouveau maire restent, on le sait, limités, et non-liés à la politique impérialiste et guerrière atlantiste.

Cette élection de Mamdani représente sur le plan idéologique, c’est-à dire sur le plan de la représentation idéale d’une société, une rupture mentale pour la majorité de la population new yorkaise et pour une partie importante de la société aux Etats-Unis. Il ne faut pas pour autant croire que la victoire de Zohran Mamdani constitue en soi une révolution qui mènerait automatiquement vers une rupture systémique. Le candidat, pour rassembler largement les électeurs, a dû et voulu rassembler à la fois les milieux antisionistes, laïcs comme religieux, juifs, musulmans, chrétiens ou athées, les « minorités » diverses et variées, les partisans d’une politique sociale progressiste et les tenants du maintien du capitalisme, sans s’attaquer ouvertement aux grands groupes monopolistiques qui dominent la ville de New York. Il a aussi été amené à tenir un discours critique envers la résistance palestinienne et, dans la dernière ligne droite de sa campagne électorale, il a même dû modérer son discours en laissant entendre qu’il revenait sur des engagements « radicaux » pris en début de campagne.

Par ailleurs, il se heurte, et se heurtera encore plus, à des pressions de toutes sortes venant des milieux dominants et puissants qui sont décidés à ne pas laisser faire son équipe, et qui ont toutes sortes de moyens de pression, légaux et illégaux, pacifiques et violents, que la classe dirigeante des Etats-Unis a toujours su utiliser et qu’elle sera encore plus tentée d’utiliser à une époque où le système dominant s’effrite, ce qui provoque en son sein des raidissements constables. Les derniers épisodes des répressions organisées par Biden puis Trump en sont la preuve. Donc quel que soit la sensibilité profonde du nouveau locataire de la mairie de New York, il aura face à lui de puissant lobbies qui l’attendent au tournant avec des moyens qui n’ont pas disparu.

Les forces populaires aux Etats-Unis sortent de l’hébétement dans lequel elles avaient été cantonnées depuis des décennies, et une nouvelle culture politique est en train de naître, avec bien entendu ses contradictions.

Nous souhaitons aux prolétaires des USA d’autres victoires de résistance, dans la rue et dans les urnes, pour affaiblir plus encore sa bourgeoisie sanguinaire et belliciste : aux USA comme en France, nous sommes tous concernés !

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