La lutte des agriculteurs est, en tous points, identique à celle du monde du salariat. Elle exprime la même réalité, l’exploitation d’un travail indispensable par un système capitaliste qui confisque les richesses produites au profit d’une minorité. Qu’ils travaillent la terre, à l’usine, dans les services ou les transports, les travailleurs subissent les mêmes mécanismes de domination économique.
Les agriculteurs ne sont pas des « entrepreneurs libres » comme le discours officiel tente de le faire croire, ils sont, comme les salariés, dépossédés du fruit de leur travail. Les prix leur sont imposés, leurs conditions de production dictées, leurs revenus écrasés par les banques, la grande distribution et les multinationales de l’agro-alimentaire. Cette dépendance économique les place dans une situation de subordination comparable à celle du salariat.
Ce que vivent aujourd’hui les agriculteurs, le monde du salariat le connaît depuis des décennies, baisse des revenus, intensification du travail, endettement, précarité, disparition des petites structures, perte de sens, mépris de classe, répressions policières et stigmatisation médiatique. Les restructurations agricoles répondent à la même logique que les plans sociaux dans l’industrie ou les services : concentrer le capital, éliminer les plus faibles et augmenter les profits.
Dans cette offensive, la FNSEA joue un rôle central. Loin de défendre les travailleurs de la terre, elle accompagne la stratégie économique du capitalisme agro-alimentaire. Elle soutient le productivisme, la concentration des exploitations et l’intégration totale de l’agriculture aux logiques du marché mondial, au détriment des agriculteurs comme des consommateurs. Elle agit comme une courroie de transmission du patronat agricole et des grands groupes, non comme un outil d’émancipation collective.
Ainsi ce sont les petits producteurs les premiers pénalisés par l’abattage des troupeaux. Alors que l’État aurait dû anticiper une grande campagne de vaccination, il réagit brutalement et à contretemps par une mesure présentée comme sanitaire mais qui est en réalité un contre-feu à son impréparation qui est la conséquence de la destruction des services publics de la santé et vétérinaires, comme les mesures anti covid avaient été le résultat de la destruction des hôpitaux. Dans le même temps, les vaccins ont été priorisé pour les gros producteurs afin de rassurer le marché d’exportation.
Le gouvernement actuellement au pouvoir s’inscrit pleinement dans cette logique, tout en se cachant derrière les lois Européennes. En servant les intérêts du capital, il organise la concurrence entre travailleurs, oppose agriculteurs et salariés, campagnes et villes, quand leurs intérêts sont fondamentalement les mêmes. Cette division est une arme politique destinée à empêcher la convergence des luttes.
Face à cela, une évidence s’impose, il n’y a pas de victoire possible sans l’unité de toute la classe laborieuse. Agriculteurs, ouvriers, employés, agents des services publics, chômeurs et retraités doivent reconnaître dans leurs luttes respectives un combat commun contre le patronat et les politiques capitalistes qui le protègent. Avant que s’essouffle la contestation des travailleurs agricoles, l’ensemble de la classe laborieuse doit s’organiser dans une lutte unitaire et solidaire, contre notre ennemi commun ! L’emblème du marteau et de la faucille, qui représente les travailleurs et les agriculteurs, prend tout son sens dans ce combat que nous devons mener aujourd’hui. Ne loupons pas l’opportunité d’unir la classe laborieuse dans une même lutte, la lutte des classes.
Défendre les agriculteurs, c’est défendre le salariat. Soutenir les salariés, c’est soutenir les travailleurs de la terre.
Unir nos luttes, c’est construire un rapport de force capable de stopper le rouleau compresseur capitaliste. Ensemble nous pouvons mettre fin à l’exploitation de notre classe.
Travailleurs et agriculteurs : même combat, même ennemi, même avenir à construire !
