Les peuples doivent garantir la cohabitation panafricaine
Roland Fodé Diagne
On peut lire dans la presse que « lors d’un sommet ordinaire tenu à Abuja, au Nigeria, le dimanche 15 décembre 2024, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO avaient décidé d’accorder un délai de six mois aux autorités du Burkina, du Mali et du Niger (AES). Objectif : leur offrir la possibilité de revenir sur leur décision de quitter l’organisation sous-régionale. Ce délai arrive à échéance le 29 juillet 2025 ». La CEDEAO belliqueuse jusqu’ici au service de la guerre de l’OTAN par djihado-terroristes interposés contre les pouvoirs militaro-civiles souverainistes de l’AES changeait de posture suite à ses échecs et sous l’impulsion du nouveau pouvoir démocratiquement élu du Sénégal.
Une mission avait été confiée au nouveau président sénégalais et au Togo de tenter de « négocier le retour des trois pays dans la CEDEAO » pour la date butoir du 29 juillet 2025. Une mission vaine que le président sénégalais devait refuser car « En réitérant le caractère irréversible et immédiat du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO […], le Collège des Chefs d’État de l’AES considère, à juste titre, la décision de proroger pour six mois le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO comme étant une énième tentative permettant à la junte française et à ses supplétifs de poursuivre la planification et la conduite des actions de déstabilisation contre l’AES » comme on le lire dans la presse de l’AES.
Le Sénégal puis le Ghana après les élections qui ont amené de nouveaux pouvoirs semblent avoir neutralisé les velléités guerrières serviles néocoloniales françafricaine, eurafricaine et usafricaine affichées jusqu’ici par le club des chefs d’États de la CEDEAO.
Cela se traduit par le fait que « les 135 agents originaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger employés par l’organisation ouest africaine ont reçu leur lettre de fin de contrat, conséquence directe du retrait. Pour cela, dès le 30 septembre 2025 leur contrat prendra fin. Des indemnités de 3 mois de salaire de base plus un mois par année d’ancienneté (plafonné à 12 mois) leur ont été accordées ». Ces fonctionnaires pourront être transférés dans le nouvel organe correspondant de la Confédération des États du Sahel.
Il faudra maintenant concrétiser la préservation de la libre circulation des personnes et des biens d’une population globale de 353,66 millions d’habitants dans l’espace ouest africain par un accord entre les deux espaces AES et CEDEAO à travers un accord positif sur les tarifs douaniers, les passeports AES et CEDEAO, la coopération dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’Éducation, la culture et du sport, les investissements, etc.
Tirer les leçons du passé récent désastreux anti-africain d’une CEDEAO néocoloniale, c’est définir des règles bénéficiant aux populations et à l’activité économique et commerciale bilatérale et multilatérale des États de l’AES et de la CEDEAO qui ne doivent absolument pas être changées tout en tenant compte des souverainetés des deux espaces dans le cadre des nécessaires liens panafricains.
L’illusion dont parlait le premier ministre sénégalais à Ouagadougou lors de l’inauguration du mausolée de Thomas Sankara sur « les limites frontalières » supposées du « terrorismes » nécessite un accord souverain militaire anti-impérialiste de solidarité panafricaine entre l’AES et la CEDEAO étendue à l’UA. L’AES doit être le centre de définition des fondements et des éléments constitutifs d’une telle alliance militaire contre la guerre hybride de l’OTAN par djihado-terroristes interposés dans le Sahel et à l’échelle de l’Afrique dont l’axe principal est : bases militaires des impérialistes de l’OTAN, hors de l’Afrique !
Briser l’échine du djihado-terrorisme séparatiste, c’est chasser les bases militaires sous toutes ses formes de l’OTAN, lutter contre leurs sources de financements des pétro-dollars des Émirats et mener une offensive idéologique, politique et culturelle contre l’ethnicisation du djihadisme en Afrique.
Les peuples doivent absolument rester mobiliser pour empêcher la CEDEAO de retourner à ses origines d’alliances panafricaines néocoloniales des États néocoloniaux née en 1975 une fois l’Afrique de l’ouest débarrassée des régimes souverainistes que sont le Ghana de Kwamé Nkrumah et le Mali de Modibo Keita du Mali isolant la Guinée de Sékou Touré/Saïfoulaye Diallo.
Les élites bourgeoises et petites bourgeoises sénégalaises et africaines qui agitent sans réfléchir le rejet par principe des « coups d’États, des putschs militaires » sont aujourd’hui piégées par les coups d’États constitutionnels et institutionnels des dictatures civiles hors la loi des Ouattara qui s’offre une quatrième candidature anticonstitutionnelle, d’un Emballo une troisième candidature anticonstitutionnelle, Idem d’un Eyadema fils, d’un Biya grabataire, etc. Ces soit-disant élites sont sourds et aveugles sur l’expérience souverainiste Sankariste, Nassériste et par ailleurs admirent le coup d’État populaire antifasciste baptisé de « révolutions des œillets » au Portugal parce que leurs maîtres à penser impérialistes en ont convenu.
Le crétinisme dogmatique du pluralisme multipartite de la pensée unique libérale a fécondé des démocratures civiles exécutant les plans libéraux d’ajustement structurel comme programme unique de l’oppression néocoloniale en Afrique.
Les prétendues élites africaines doctrinalement mentalement prisonnier de la pensée unique totalitaire selon laquelle multipartisme = démocratie plongent la tête dans le sable à la manière de l’autruche pour ne pas voir la dictature fascisante de leur modèle que sont les régimes politiques de leurs maîtres bourgeois impérialistes français ou étasunien. Le premier modèle français bafoue le vote NON à 55 % du peuple au Traité Constitutionnel Européen (TCE) en 2005 et en 2024 la dictature présidentialiste permet de refuser le respect de la majorité parlementaire décidée dans les urnes par le peuple. Le second étasunien contourne le vote populaire par celui des grands électeurs et utilise son hégémonie économique et militaire pour imposer l’extra-territorialité de ses lois internes dont le summum est le blocus contre Cuba depuis 1961.
Les forces souverainistes de chaque pays de la CEDEAO doivent lutter pour mettre fin aux régimes apatrides néocoloniaux pour que la CEDEAO de club de chefs d’États se transforme en alliance panafricaine des peuples et États libres d’Afrique de l’ouest.