Pour un grand mouvement de la Paix !

Éditorial de l’URC · Manifeste n°32 (novembre-décembre 2025)

« Dans l’âme des gens, les raisins de la colère gonflent et murissent, attendant les vendanges prochaines. »
Johne Steinbeck (1939)

Marche à la guerre et austérité sont les deux recettes par lesquelles la bourgeoisie mondialisée tente de résoudre la crise systémique du mode de production capitaliste-impérialiste actuelle. Elle n’a plus le choix : pour se sauver elle-même en tant que classe, elle est contrainte de repartir à la conquête des territoires et des marchés « perdus », par tous les moyens : guerre commerciale généralisée, multiplication des agressions militaires directes comme au Venezuela ou par proxys interposés comme en Palestine, au Congo ou en encore en Ukraine.

Parallèlement, il lui faut augmenter l’exploitation de la force de travail, seule créatrice de valeur nouvelle. Alors, avec la complicité des dirigeants politiques à sa solde, elle précarise, elle délocalise, elle casse les systèmes de protection sociale.

Et pour faire passer la pilule, elle trouve des prétextes : les pseudos-menaces russes, chinoises ou iraniennes, la dette publique, le chômage structurel, etc.
Cette longue descente aux enfers annoncée pour tous les peuples du monde ne pourra être enrayée que par une résistance acharnée.

Et, de fait, partout dans le monde, cette résistance s’organise. Au Venezuela, le peuple organisé en communes se prépare à résister à l’offensive des USA. En Palestine, malgré les coups, la résistance tient, avec le soutien de l’ensemble des peuples du monde. Au Maroc, à Madagascar, au Népal, en Indonésie, aux Philippines, les peuples se battent contre le néocolonialisme et pour leurs droits sociaux.

Cet élan de résistance s’étend jusqu’aux centres impérialistes.

En Italie, sous l’impulsion des dockers de Gênes, la population s’est enflammée. Aux USA, sept millions de travailleurs défilaient le 7 octobre contre la politique fasciste de Donald Trump.
La France n’est pas en reste. La crise du régime s’amplifie. Le mouvement du 10 septembre a donné le ton. Si, plus d’un mois plus tard, l’élan semble être retombé — en partie du fait de la « trahison » de l’intersyndicale et des organisations politiques réformistes — méfions-nous de l’eau qui dort : sous la surface, la colère bout.

Les mobilisations locales et sectorielles se multiplient, de plus en plus radicales, de plus en plus politiques. Et si, tant du point de vue organisationnel que de celui d’une perspective politique révolutionnaire crédible, l’absence de direction politique claire est un véritable frein, peu à peu, des « convergences » théoriques et pratiques émergent, laissant entrevoir un mouvement de fond de structuration et de politisation du mouvement social général.

Et nos élites le savent.

C’est pourquoi elles accélèrent le processus de fascisation de la société, dans lequel la promotion d’un discours raciste et islamophobe « décomplexé » tient une place de choix. Il s’agit pour la classe dominante — qui contrôle les médias mais également, indirectement, l’éducation publique de l’école à l’université — de couper les classes populaires « blanches », largement paupérisées, des classes populaires issues de l’immigration héritières de l’anti-impérialisme.

Face à ce clair-obscur, en tant que communistes, notre responsabilité est grande. Il s’agit d’une part, d’imposer clairement la construction du communisme comme seule perspective d’avenir pour l’ensemble des travailleurs, avec comme boussoles l’internationalisme, la lutte contre les guerres impérialistes et néo-coloniales, pour les droits sociaux et civiques, l’antiracisme et l’anti-fascisme.

De l’autre, il s’agit d’œuvrer activement à l’unité organisationnelle de notre classe, en construisant un parti communiste capable d’assumer la direction politique de la révolution à venir mais aussi en renforçant la ligne de classe de nos organisations de masse en déclin, notamment la CGT.

C’est la condition sine qua non de la construction d’un rapport de forces suffisant pour tout leur reprendre.

Car, nous non plus, nous n’avons plus d’autre choix que la victoire ou la victoire.

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