Nécessité du Mouvement international pour la Paix et le rôle des syndicats

Article issu du Manifeste n°31

Les tensions internationales, la dégradation rapide des conditions de vie des travailleurs, la propagande de guerre qui décide, au bon gré des milliardaires, qui est le mal absolu ou qui est un héros de la démocratie, l’instabilité politique où les gouvernements tombent en quelques heures… Les chiens de garde du capital rendent la situation actuelle difficile à lire. Plus que jamais, il nous faut analyser le pourquoi et le comment du développement de la crise que nous vivons.

Le libéralisme, enfant du capitalisme

Alors que les deux premières guerres mondiales ont consacré les États-Unis en tant que leaders impérialistes du capitalisme occidental, et que le démantèlement de l’URSS leur a permis de régner sans partage sur le monde, l’émergence d’un monde multipolaire redessine aujourd’hui la géopolitique. 

Partout dans le monde occidental, le libéralisme à l’œuvre depuis les années 80 a permis aux milliardaires d’accumuler des richesses énormes au détriment des salaires et des conditions de vie des travailleurs, mais aussi du développement de nos moyens de production. 

Le libéralisme produit la crise du capitalisme

Toujours à la recherche du profit immédiat, les capitalistes se gavent plutôt que d’investir dans l’avenir, ils rognent non seulement nos salaires, mais aussi sur le développement et la recherche. Délocalisant la production pour baisser les coûts, ils créent les conditions de la crise en appauvrissant les salariés. 

Aussi, l’économie des États-Unis n’est plus la première économie du monde et l’économie occidentale se désindustrialise et s’enfonce dans la crise. Depuis juin 2024 en France, 444 annonces ont été recensées par la CGT, menaçant plus de 300 000 emplois, et la hausse du chômage témoigne de la désindustrialisation massive. Face à cela, la République Populaire de Chine est passée du statut d’atelier du monde capitaliste à celui de première économie mondiale et la plus innovante. 

Depuis les années 2000, les Etats d’Amérique latine s’émancipent du joug de l’impérialisme États-unien. Le néo-colonialisme de la Françafrique s’effrite et est démantelé par la prise du pouvoir par des mouvements patriotiques divers au Mali, au Burkina Faso, au Niger et plus récemment au Sénégal. Globalement, la constitution des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) en 2010-2011 et son élargissement aujourd’hui en BRICS + (où se sont rajoutés l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Indonésie et l’Éthiopie) affirment avec force l’existence d’un monde multipolaire remettant en cause la domination impérialiste occidentale.

Le capitalisme répond à la crise par le fascisme et la guerre

Pour assurer la poursuite des politiques libérales, continuer de saigner leurs prolétariats et, dans le même temps, organiser leurs guerres impérialistes de rapine, les États bourgeois d’occident préparent le passage au fascisme. La victoire de Trump, pour la deuxième fois, aux élections américaines l’illustre parfaitement. Et en France, la dialectique Macron-Lepen favorise et accélère la fascisation du monde médiatico-politique français, préparant l’arrivée au pouvoir du RN. 

Pour défendre leurs intérêts et leur mainmise sur le monde, les impérialistes, et parmi eux la France, soutiennent l’immonde génocide du peuple palestinien par Israël, leur agent déstabilisateur au Moyen-Orient. Pour garantir les intérêts géostratégiques de son impérialisme, la France, par la voix de Macron, est prête à piétiner une fois de plus le droit à l’indépendance de la Kanaky. Enfin, la France est aussi le valet des États-Unis, via son adhésion à l’OTAN, et a ainsi déployé 1 500 soldats français en Roumanie, à la frontière du conflit de l’Ukraine, alors que, dans le même temps, les États-Unis y réduisent leur présence militaire.

Au risque que résonnent à nouveau le bruit des bottes et le rugissement des canons

Alors que la Russie proposait en 2001 à l’Europe d’« unir ses capacités au potentiel humain, territorial, naturel, économique, culturel et militaire de la Russie », la politique va-t-en-guerre de l’OTAN et sa propagande la projettent comme une ennemie de toujours.

« Depuis 1945, la liberté n’a jamais été autant menacée, et jamais de façon aussi grave. […] Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Et pour être craint, il faut être puissant. »

Emmanuel Macron, allocution aux armées du 13 juillet 2025

Dans le contexte de cette crise générale du capitalisme et de l’impérialisme, les États-Unis et leur valets européens préparent la guerre. L’Union européenne augmente ses budgets militaires pour atteindre les 5% du PIB imposés par Trump. Si l’inflation des dépenses militaire sera uniquement profitable aux entreprises militaires américaines, elle s’accompagne d’une course à la guerre avec la Russie dans un premier temps et avec la Chine dans un deuxième temps. Les États-Unis nous poussent à la guerre sur le sol européen. Ayant affaibli alliés et ennemis, il pourra profiter de la reconstruction des deux côtés.

« Les armées doivent se tenir prête à un choc d’ici trois à quatre ans ». 

Général Fabien Mandon, chef d’état-major des Armées, 22 octobre 2025

Une fois de plus, la logique mortifère des impérialistes, leur course aux armements, leur surenchère belliciste et leur militarisation des relations internationales menacent de précipiter l’humanité dans un conflit dont aucun peuple ne sortirait vainqueur : seuls les impérialistes, et parmi eux les marchands d’armes et les fascistes, fossoyeurs des libertés, y trouveront leur compte 

Dans ce contexte, la question de la paix est une nécessité absolue, une urgence vitale pour la survie de l’humanité et la préservation de notre planète. Notre réponse doit être celle d’un large front anti-guerre, un mouvement international de la paix qui dépasse les frontières, comme la constitution du Mouvement de la Paix l’a été après la guerre en 1948.

Si cette nécessité de se battre pour la paix s’impose au prolétariat et à l’ensemble de ses organisations, le syndicalisme tient une place majeure dans ce combat et le syndicalisme de lutte des classes que représente la CGT doit comme par le passé en être le moteur.

D’abord, parce que la CGT peut permettre au prolétariat d’éviter l’union sacrée autour des intérêts des classes dominantes, comme ce fut le cas pour la Première Guerre Mondiale en 1914. Une des premières tâches de la propagande bourgeoise étant d’assurer l’adhésion de la masse à son projet de guerre. 

Comme ils l’avaient déjà fait en leur temps pour la guerre d’Indochine en refusant de décharger du matériel militaire, les dockers CGT ont bloqué en juin 2025 à Fos-sur-Mer des conteneurs de composants militaires à destination d’Israël.

De plus, comme cette lutte pour la paix doit s’étendre sur la planète, elle rencontre naturellement le champ du syndicalisme international. Il ne fait aucun doute que nous n’avons rien à attendre de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) ou de la Confédération des Syndicats Internationale (CSI) qui ne sont que des constructions de l’impérialisme occidental contre la lutte des classes. Par contre les derniers événements, notamment le blocage des transits d’armes vers Israël dans les ports de Gênes, Livourne et Ravenne, illustre parfaitement ce que nous pouvons attendre du syndicalisme de lutte de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) et de sa détermination à lutter contre les sales guerres des impérialistes.

Pour conclure, il nous faut lutter contre la fascisation et la course à la guerre, et cette lutte doit se retrouver dans nos engagements syndicaux. Aussi, le syndicalisme doit lutter contre ces deux ennemis mortels, le fascisme et la guerre, pour préserver la vie des travailleurs et le cadre démocratique de la lutte.

Vive le mouvement de lutte contre la guerre et le fascisme !

Vivent les combattants de la paix et de la liberté !

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