Les travailleurs et travailleuses de l’action sociale et du médico-social, en lutte contre les politiques d’austérité

Dans le cadre de la 13éme rencontre nationale des travailleurs et les travailleuses du social et de l’action sociale qui a eu lieu début octobre à Marseille, nous relayons cet article rédigé par une camarade travailleuse de la Section URC du Midi qui revient ci-dessous sur cette initiative et l’appel à l’action qui y a été décidé.

Les 11 et 12 octobre derniers se tenait à Marseille la 13ème rencontre nationale des travailleurs et les travailleuses du social et de l’action sociale. Retour sur cette initiative et l’appel à l’action qui y a été décidé

Les conséquences des alliances des partis au pouvoir depuis ces 40 dernières années.

L’austérité qui s’abat depuis plusieurs années en France fait basculer de nombreux secteurs de production entrainant les travailleurs et les travailleuses vers une régression des droits du travail et des conquis sociaux. Les annonces du premier Ministre Bayrou, démissionnaire, comme ses successeurs de l’assemblée de la macronie s’attaquent au PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) en février 2025 et à la suite d’une série de 49.3 qui ont fini par étrangler l’ensemble des collectivités et du monde associatif. Sans surprise, la gauche démocrate et écologie sociale vient de s’aligner une nouvelle fois sur le modèle néolibéral en offrant encore, l’exonération des cotisations sociales des plus hauts revenus du patronat. Ces pertes seront supportées par la population et les travailleurs. Nos moyens de redistribution de nos richesses se meurent dans les privilèges offerts par l’abstentionnisme de gauche qui, en se réjouissant de la suspension de la réforme des retraites alors qu’il faut la combattre pour revenir à une retraite à 60 ans, perdent de vue que le capitalisme cherche par tous les moyens à accaparer les forces des travailleurs.

Pour près d’1. 7 millions de travailleurs de l’action sociale et médico-sociale, la mutation lente du PLFSS à un impact direct sur les missions de service public, la qualité de vie et les conditions de travail.
L’abaissement des cotisations sur les hauts salaires et le patronat provoque l’effondrement de notre système de solidarité dont les députés de gauche sont responsables quand ils suivent les logiques libérales de droite. En dévaluant la production de nos richesses, ce sont les inégalités sociales et la pauvreté qui se creusent. Le financement des services publics et du monde associatif reste la cible privilégiée du saccage des élus et des alliances anti sociales à l’assemblée. Depuis au moins trois générations, nos secteurs de production des services publics et privés travaillent pour gagner des rémunérations infra smic. Alors que l’exploitation des postes occupés est, pour la majorité, supportée par des femmes. Toujours plus invisibilisées et isolées par l’effet de sectorisation et les lois du marché, l’abstention des députés ce 8 novembre 20251, offre aux nouveaux spéculateurs de la Banque des Pauvres, des pressions supplémentaires par la mise en concurrence accrue des établissements à mission de service public.

Méthodiquement, nos élus votent et/ou s’abstiennent pour entrainer le pays vers la privatisation et la fin des droits universels pour l’accès à la santé et à une protection sociale pour tous et toutes.
Quelle est donc l’idéologie poursuivie des partis de la gauche qui prétendent lutter pour défendre les intérêts du pays et qui en s’abstenant engraisse l’industrie de la militarisation dirigée par la droite et d’extrême droite majoritaire en Europe ?

Plan d’austérité : du contrôle des populations au tri social dans les ESSMS.2

Guidé par les politiques sociales Européennes du plein emploi, de l’inclusion, du contrôle de l’immigration, des allocataires du RSA, du chômage et de l’immigration, le pouvoir qu’exercent nos élus aux collectivités et nos députés à l’assemblée leur permet d’appliquer, rubis sur ongle, les baisses de subvention dans l’ensemble des secteurs de production tout en étouffant les luttes des travailleurs.
Partout, il faut se serrer la ceinture jusqu’au cou. En 2025, c’est 33 millions d’euros en moins pour les centres d’hébergement d’urgence ;111 millions en moins pour l’aide médicale d’Etat et encore 30 millions en moins sur le budget de l’action sociale pour l’aide sociale à l’enfance. Pour les centres sociaux, c’est une baisse de 41 % des budgets en 15 ans selon le « Mouvement Associatif ». En 2024, plus de 16 % des associations de l’action sociale ont été concernées par une mesure de redressement judiciaire par rapport à 2023, rapporte le Cabinet ALTARES. Ce qui représente 609 associations à mission de service public.
Pour les hôpitaux publics, l’ONDAM3 alerte sur la baisse historique du budget de la santé qui entrainera l’équivalent de 20.000 postes d’infirmières en moins pour 2026 alors qu’au même moment, le taux de mortalité infantile est en hausse de 4.1 pour 1000. En 2024, 24 556 ménages ont été expulsés de leur logement avec le concours de la force publique, soit une hausse de 29 % en un an et de 223 % en vingt ans.

L’explosion des besoins de la population augmente partout avec les mesures sécuritaires qu’imposent les débats sur les politiques d’immigration, de laïcité et de dettes financières dans le paysage des politiques sociales. Or, Selon l’Observatoire des Inégalités en 2024, la précarité des nord-africains immigrés est surreprésentée dans l’aide sociale, là où dans les débats médiatiques, la banalisation de l’idéologie sécuritaire et islamophobe des tenants du pouvoir occupe les écrans. A les entendre les menaces sur le droit de culte et l’insécurité serait provoquée par les migrants fuyants les guerres et les génocides Otanusiens et/ou sionistes. En 2024, la France a expulsé plus 27,6% d’étrangers par rapport à 2023 et moins 10% de demandeurs d’asile ont été régularisés.
Pour la jeunesse des quartiers populaires qui est toujours plus criminalisée, le permis de tuer et l’abaissement de l’âge de la responsabilité pénale vient confirmer une volonté de l’Etat de nier les droits des enfants en piétinant le Convention Internationale des droits de l’Enfant. 
Le militantisme syndical n’est pas en reste car bien mis à mal depuis la loi travail, et une hausse du nombre et de gardés à vue et de condamnations est constatée depuis le 07 octobre 2023.

Dans tous les services, les suppressions des postes laissent place au « tri social » dicté par les financeurs. Les populations étrangères et les « Français de papier » aux faibles revenus sont poussés à la marge des droits sociaux faisant grandir le sentiment d’injustice et de haine de toutes parts.
Les scandales d’ORPEA, de l’ASE, les fermetures des lits d’urgence dans les services et les maternités ne suffisent pas à la reconstruction du rapport de force pour sortir de cette crise financière et politique dont les responsables sont les députés qui s’abstiennent au lieu de lutter contre la précarité.

Nouvelles réformes des diplômes ; ligne rouge de la précarité !

La réforme des diplômes du travail social entrera en scène dès septembre 2026.
Cette nouvelle attaque n’est pas isolée et affaiblit les statuts des secteurs publics et privés. C’est l’alignement des salaires vers le bas et la fin de la reconnaissance des « diplômes d’Etat » qui sont progressivement remplacés par les « compétences » et « certifications » émiettant les luttes salariales sous la dictée du patronat qui impose ses règles.
Depuis les réformes de 2014, de 2018 et la généralisation de parcours sup, un pic inquiétant d’abandon des étudiants en formation du travail social et médico-social est constaté. La désertification de nos métiers s’est installée, allant de pair avec une crise de recrutement et les difficultés financières des gestionnaires. C’est la vie des personnes accompagnées et des « usager-es » qui est mise en danger avec une augmentation croissante des accidents du travail et des maladies professionnelles dans ces secteurs.
A l’instar des mouvements des étudiants des universités aux Etats Unis et en France, on assiste à une censure sévère dans les centres de formations du travail social et médico-social. En supprimant la partie du mémoire de recherche et en diminuant les heures théoriques des formatons à venir, c’est la capacité de penser l’action sociale dans la diversité et la singularité des situations qui est attaquée pour aller vers un modèle standard d’orientation et de gestion de l’humain. Ces réformes ne concernent pas seulement les travailleurs sociaux. Les infirmier-e-s, les radiologues, les Chefs de services et bien d’autres métiers encore sont concernés. D’ici 2027, une reconfiguration profonde de la gestion des ressources humaines et des méthodes managériales vise à une rationalisation accrue de l’ensemble de nos chaines de production du travail.

Les collectifs en lutte du social et médico-social appellent à 3 jours de grève consécutive.

Les collectifs en lutte du travail social et médico-social qui se sont réunis les 11 et 12 octobre derniers à Marseille pour les 13emes rencontres nationales partagent ces constats catastrophiques du monde du travail et de la formation professionnelle.
Depuis 6 ans, ces collectifs revendiquent l’amélioration des conditions de travail et dénoncent les politiques anti-sociales. Ils luttent pour 

  •  Augmenter les salaires gelés depuis 20 ans ;
  • Défendre les conquis des conventions collectives en passe de fusionner pour l’ensemble des ESSMS y compris pour ceux qui n’en n’ont pas encore ;
  • Etendre « la prime SEGUR pour tous et toutes » ayant conscience que cette prime ne répond pas au besoin essentiel d’augmentation générale des pensions, des salaires et des minimas sociaux et lutter contre la marchandisation du travail social et médico-social.

Les 13emes rencontres nationales constatent unanimement la répression massive des luttes au sein des établissements et dans les centres de formation où toutes formes d’expression pour appeler à la grève et dénonçant les pratiques managériales toxiques est censurée. Les 15 collectifs et 117
participants venus de toute la France et d’Allemagne pour ces rencontres ont facilité les débats riches et motivés par la nécessité de défendre nos secteurs et d’élargir les luttes. L’appel à la mobilisation nationale issue des rencontres a voté pour une grève de 3 jours consécutive les 16, 17 et 18 décembre contre le plan national d’austérité budgétaire de nos secteurs publics et privés.
L’appel à signataire des organisations syndicales dénonce les politiques racistes, sécuritaires et anti-sociales de nos gouvernements qui participent pleinement aux génocides et à la militarisation par leurs positionnement budgétaires.

Pour l’URC ANC MIDI, les luttes des travailleurs et des travailleuses du lien social, de l’humain, de la santé et du soin qui s’unissent dans la volonté de mobiliser les organisations syndicales par les bases, participent au rapport de force à mener plus largement contre la capitalisme et l’impérialisme Européen, Etasunien et sioniste actuel. L’URC ANC MIDI appelle ses adhérents à participer à l’appel issu des 13em rencontres nationales à Marseille et à saisir leurs organisations syndicales et politiques pour rejoindre les initiatives des 16, 17 et 18 décembre en déposant les préavis de grève.

Nadia Z syndiquée CGT et membre de l’URC midi


  1. NDLR Pour mémoire le budget a été adopté à 7 voix près : dont à gauche PS et apparentés 59 POUR, 2 abstentions, LFI 59 CONTRE (dont 3 erreurs de bouton), EELV 1 POUR, 17 abstentions et 8 CONTRE, PCF et alliés 3 POUR, 2 CONTRE et 5 abstentions. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/3597 ↩︎
  2. Etablissements et services sociaux et médico-sociaux ↩︎
  3. Objectif national de dépenses d’assurance maladie ↩︎
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