Diagne Fodé Roland, 13 décembre 2025
Nous publions ici un texte très récent de notre camarade Roland Diagne, marxiste-léniniste engagé dans la lutte de classe en France et, depuis quelques années sur place au Sénégal, où son organisation communiste, Ferñent, est membre actif du front souverainiste au pouvoir, Pastef. Des citations des classiques du marxisme-léninisme et des leaders révolutionnaires africains et latino-américains, d’une très grande pertinence, et une analyse dialectique des contradictions en Afrique de l’Ouest, dans le contexte de la “seconde phase des Indépendances nationales africaines” contre l’impérialisme, français en particulier, doivent stimuler notre réflexion communiste, sur l’engagement internationaliste véritable et conséquent vis-à-vis de cette partie du monde (et au delà !), et sur notre compréhension des contradictions que déforment sciemment nos médias bourgeois.
Le poids des difficultés et des lourdes responsabilités se font de plus en plus sentir sur les épaules du président et du premier ministre de notre pays, tout comme doivent le ressentir leurs homologues du Mali, du Burkina et du Niger.
Certaines impatiences s’expriment, pointant parfois certaines incohérences apparentes ainsi que des insuffisances. Les expériences souverainistes en cours sont en réalité des répétitions générales de la marche des peuples d’Afrique vers la fin du néocolonialisme.
Si dans l’AES [Alliance des Etats du Sahel : Mali, Niger, Burkina Faso, ndlr] la principale difficulté est : comment vaincre la guerre de l’OTAN par djihado-terroristes et séparatistes interposés, au Sénégal c’est : comment échapper à l’asphyxie du FMI/BM et redresser une économie plombée par une dette usuraire dont plus de 4000 milliards du franc colonial CFA sont « cachés » dans des poches des voleurs qui ont gouverné le pays.
Les deux expériences souverainistes sont parallèlement toutes confrontées, à défaut de le briser, à la nécessaire mutation de l’État néocolonial dont elles ont hérité en État souverain. La force de l’habitus néocolonial demeure pesante sur les démembrements de l’Etat, sans compter l’action de sabotage d’une minorité de mercenaires camouflés du système néocolonial.
Dans l’AES, l’interdiction des partis politiques, quasiment tous à divers degrés néo-coloniaux, est apparue comme une mesure temporaire, nécessaire pour neutraliser une cinquième colonne, de la résistance à la guerre de l’OTAN par djihado-terroristes interposés.
Cette nécessité politique temporaire compréhensible délimite clairement les camps entre forces souverainistes et forces néocoloniales. En effet, peut-on raisonnablement opposer à la nécessité urgente de sauver la patrie en danger de mort un prétendu « respect de la démocratie » qu’agitent l’impérialisme et ses valets locaux ?
C’est la pratique qui permet de savoir qui est vraiment qui. Or, instrumentaliser les contradictions secondaires pour dénoncer les pouvoirs souverainistes de l’AES en ignorant la contradiction principale qu’est la guerre coloniale de l’OTAN conduit tout droit à la trahison.
L’unité, critique, unité découle ici de la prise de position claire et sans aucune ambiguïté en théorie et en pratique que la contradiction principale est et demeure la guerre coloniale de l’OTAN. Une fois prise cette position qui vous met clairement dans le camp souverainiste contre le camp néocolonial renversé, alors on peut avoir le droit d’exiger aux transitions militaro-civiles de l’AES de rassembler et unir toutes les forces saines patriotiques pour vaincre l’agression coloniale hybride de l’OTAN, étape préparatoire à la phase suivante de rétablissement de l’État de droit et donc de l’ensemble des droits citoyens sans et contre les actes prouvés des traîtres néo-coloniaux.
La démocratie est un bien grand mot qui ne peut nullement devenir un vernis couvrant la trahison néocoloniale en laissant libre cours à une cinquième colonne.
Au Sénégal, après une résistance populaire contre l’État néocolonial hors-la-loi, les urnes ont mis au pouvoir le parti et la coalition souverainiste. À défaut de briser l’appareil d’État néocolonial, commence alors le travail de mutation progressive de l’État néocolonial en État souverainiste. Travail complexe qui nécessite des procédures, des démarches, la mise en œuvre des valeurs démocratiques, le respect de la séparation des pouvoirs et donc de l’État de droit formel fixé dans la Constitution et les lois du pays en attendant de les réviser légalement.
Du leadership individuel…
Tant dans l’AES qu’au Sénégal, c’est tout à fait compréhensible que les actuelles phases de transition soient pilotées essentiellement par des personnalités locomotives que sont les leaders Assimi Goïta au Mali, Ibrahim Traoré au Burkina, Général Thiani au Niger et Ousmane Sonko au Sénégal. Ces leaders sont des héritiers d’un vide politique et idéologique créé par la tyrannie multidécennale de la pensée unique libérale imposée par les institutions de Bretton Woods dans le sillage du consensus libéral de Washington auquel ont adhéré les uns après les autres les leaders et partis renégats de la gauche historique de nos pays respectifs.
Les actuels leaders souverainistes ont mérité la confiance du peuple en donnant de leur personne et en portant contre vents et marées le processus libérateur en cours. Ces leaders l’ont fait avec des collaborateurs en qui ils investissent une confiance fondée sur un parcours commun et partagé que les épreuves traversées ensemble ont permis de forger.
En effet, tout processus libérateur et émancipateur féconde inévitablement ses leaders parce que comme l’enseigne Karl Marx
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le berceau des vivants. Et au moment précis où ils semblent occupés à se transformer eux-mêmes et à bouleverser la réalité, à créer l’absolument nouveau, c’est justement à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent anxieusement et appellent à leur rescousse les mânes des ancêtres, qu’ils empruntent noms, mots d’ordre, costumes, afin de jouer la nouvelle pièce historique sous cet antique et vénérable travestissement et avec ce langage d’emprunt » (Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte).
En effet, « la tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le berceau des vivants », voilà pourquoi Sonko et les fondateurs de Pastef évoquent des figures historiques politiques (Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Thierno Souleymane Baal…) et/ou religieuses (les fondateurs de nos confréries musulmanes) de notre pays, voire même, à coups de citations, le prophète arabe de sa religion musulmane.
Ils apparaissent en vertu de certaines croyances comme « des dons de dieu ».
Issu d’une génération arrivée à la politique de façon « pragmatique » contre la corruption, la gabegie, le népotisme et l’enrichissement illicite du néocolonialisme dans lequel se sont fourvoyés les leaders les plus en vue de la gauche historique, les leaders de Pastef ne pouvaient que rejeter la « gauche » au nom du Jub, Jubbal, Jubbanti [Droiture, intégrité, transparence : slogan de campagne au Sénégal, ndlr].
Les références religieuses ont été un prisme d’auto-construction d’une éthique d’engagement à partir duquel la jeunesse révoltée contre les effets désastreux du néocolonialisme ont commencé à faire acte de pensée politique.
De la même manière, les leaders militaro-civils de l’AES évoquent Soundjata Keita, le serment des chasseurs, la charte de Kurukan Fuga, Modibo Keita, Thomas Sankara, Djibo Bakary, Sarraounia, etc.
Ce faisant, les leaders fondateurs de Pastef et ceux de l’AES sont, plus ou moins inconsciemment, dans un processus historique que Karl Marx nous décline ainsi, analysant les différentes références politiques évoquées au cours de la révolution bourgeoise anti-féodale en France tout le long du 19éme siècle :
« C’est ainsi que Luther prit le masque de l’apôtre Paul, que la Révolution de 1789-1814 se déguisa alternativement en République romaine et en Empire romain, et que la Révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793-1795. Il en est ainsi du débutant qui, ayant appris la langue nouvelle, la re-traduit toujours en sa langue maternelle, mais il n’aura assimilé l’esprit de la langue apprise et ne pourra créer librement dans celle-ci que le jour où il saura s’y mouvoir sans nul ressouvenir et oubliera, en s’en servant, sa langue d’origine. (…) Camille Desmoulins, Danton, Robespierre, Saint-Just, Napoléon, les héros, ainsi que les partis et les masses de l’ancienne Révolution française, accomplirent sous le costume romain et avec des phrases romaines la tâche de leur temps : l’émancipation et la création de la société bourgeoise Moderne » (idem).
Ainsi, on doit scientifiquement considérer que le leader Ousmane Sonko et les fondateurs de Pastef, mais aussi les leaders de l’AES, ne font qu’exprimer en tant que « débutant qui, ayant appris la langue nouvelle, la re-traduit toujours en sa langue maternelle, mais il n’aura assimilé l’esprit de la langue apprise et ne pourra créer librement dans celle-ci que le jour où il saura s’y mouvoir sans nul ressouvenir et oubliera, en s’en servant, sa langue d’origine » (Marx).
Ibrahim Traoré en est la meilleure illustration par ses références fréquentes à Sankara de la vérité selon laquelle nul n’échappe totalement au fait que « la tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le berceau des vivants ».
Les opportunistes de la CDS [Confédération pour la Démocratie et le Socialisme, ndlr], ci-devant ex-marxistes défroqués, qui passent leur temps à épingler comme « fascistes », sans jamais oser l’assumer ouvertement, les références religieuses des fondateurs de Pastef, dans leur dégénérescence idéologique sont devenus les « gladiateurs [qui] trouvèrent dans les austères traditions classiques de la République romaine les idéaux et les formes d’art, les illusions dont ils avaient besoin pour se dissimuler à eux-mêmes le contenu étroitement bourgeois de leurs luttes et maintenir leur passion à la hauteur de la grande tragédie historique » (Marx, idem).
Ils occultent leur responsabilité historique dans cette situation par leur abandon de la lutte de classe pour la lutte des places dans les gouvernements de la bureaucratie bourgeoise néocoloniale qui est une des causes de la désidéologisation de la jeunesse en rébellion contre le néocolonialisme.
La trahison de leur engagement révolutionnaire d’antan explique en partie que la rébellion souverainiste de la jeunesse passe nécessairement par cette phase où la langue de la lutte soit dans la langue maternelle celle des références religieuses, dont ils n’auront assimilé l’esprit libérateur que lorsqu’ils créeront librement la langue de la souveraineté nationale panafricaine des classes laborieuses au-delà même de leurs appartenances religieuses individuelles.
N’est-il pas tout simplement constatable dans un tel contexte de vide idéologique et politique que se soit opéré le transfert sur le terrain politique du rapport existant entre le « marabout et ses talibés » qui plonge ses racines dans l’économie anté-coloniale et les rapports sociaux féodaux qui existent dans nos confréries maraboutiques qui ont résisté à la pénétration coloniale, mais ont été ensuite intégrées en position subalterne au système colonial et néocolonial ?
N’assistons-nous pas à une différenciation au sein des classes sociales maraboutiques entre néo-coloniaux et souverainistes ?
Il n’est ni scientifique, ni matérialiste-dialectique, ni révolutionnaire d’invalider la nature souverainiste de l’actuelle rébellion patriotique de la jeunesse en se focalisant mensongèrement sur le langage, les expressions et les références à des valeurs religieuses qui n’ont rien à voir avec le djihado-terrorisme des fanatiques qui ont profané les tombes des Askia, des Saints africains et la bibliothèque Sankhoré de Tombouctou.
Que disent donc ces grands seigneurs, ex-marxistes de pacotille, des références religieuses chrétiennes d’un Hugo Chavez ?
Un tel amalgame confusionniste ne peut prévaloir que dans les esprits contaminés par la stratégie impérialo-djihado-terroriste de la « guerre des religions, des cultures, des civilisations » née aux USA et mise en œuvre par l’OTAN dans le cadre de la re-mondialisation colonialiste du capital financier impérialiste. Quelle dégénérescence !
Par sa fusion avec la jeunesse militante souveraine dans Pastef, l’idéologisation révolutionnaire du processus souverainiste doit être l’apport indispensable de la gauche résistante révolutionnaire, celle qui a dit halte à la capitulation face au néocolonialisme bourgeois contre les renégats de la gauche historique.
… au leadership collectif et collégial.
L’expérience historique des révolutions africaines inachevées a montré qu’une fois le leader neutralisé, un coup d’arrêt est donné au mouvement libérateur et émancipateur. Ce fut les cas de Sankara, Nkrumah, Lumumba, puis Mulélé, Kabila père, Modibo, Djibo Bakary, etc.
La grande question est : le leadership individuel, voire inconsciemment individualiste, est-il durable dans tout processus révolutionnaire pour le maintien et le développement de l’indispensable liaison avec le peuple, avec les masses laborieuses ?
Dans l’AES, va se poser à termes la question fondamentale du et/ou des partis souverainistes au fur et à mesure des victoires militaires contre la menace principale qu’est cette sale guerre coloniale hybride terroriste de l’OTAN.
Au Sénégal, nous avons déjà un parti, Pastef, lequel va devoir progressivement devenir la matrice, sur la base du centralisme démocratique, de l’élaboration des stratégies et tactiques à mettre en œuvre et de liaison avec le peuple dans la marche vers la réalisation de la souveraineté nationale panafricaine.
Au cours des actuelles transitions, tant dans l’AES qu’au Sénégal, une des questions centrales -posées et à résoudre- est celle de la construction progressive du leadership collectif et collégial à partir de la réalité de départ du leadership individuel, temporairement utile et nécessaire.
Nos leaders doivent en avoir conscience pour contribuer à faire émerger un leadership collectif et collégial démocratique capable de mettre en œuvre une continuité stratégique du processus souverainiste et une adaptabilité tactique tenant compte du rapport évolutif des forces au plan national, sous-régional, continental et international.
Prenons conscience qu’il s’agit de libérer le Sénégal dans le processus en cours de la libération nationale de chaque peuple africain, dont l’AES est le symbole du moment, en nous imprégnons de ce conseil du grand révolutionnaire panafricain communiste Amilcar Cabral : « Ne faites pas croire à des victoires faciles ».
Faisons nôtre cette suggestion de Fidel Castro :
« On a toujours dit, et à juste titre, qu’il est plus facile de conquérir le pouvoir que de le conserver, de conquérir le pouvoir que de gouverner. Les tâches qu’un mouvement révolutionnaire rencontre dans sa lutte pour le pouvoir deviennent gigantesques et se multiplient lorsque ce mouvement révolutionnaire est au pouvoir… La seule vérité qu’il peut y avoir derrière cette affirmation est la suivante : c’est dans la lutte pour le pouvoir que se forment les cadres qui, par la suite, auront à gouverner le pays. Si la lutte pour le pouvoir est très longue, il est indiscutable qu’un plus grand nombre d’hommes capables d’assumer ensuite les autres tâches reçoivent une formation » (Discours sur la formation du parti uni de la révolution socialiste cubaine, 1962).
Prenons en compte cet enseignement de Lénine :
« Sans travail, sans lutte, la connaissance livresque du communisme, acquise dans les brochures et les ouvrages communistes, n’a absolument aucune valeur, car elle ne ferait que perpétuer le vieux divorce entre la théorie et la pratique, qui était le trait le plus néfaste de l’ancienne société bourgeoise » (Vladimir Lénine, « Tâches de la jeunesse communiste », 2 octobre 1920).
Puis inspirons-nous de cet enseignement fort juste de Cabral :
« Eduquons-nous nous-mêmes, éduquons d’autres, la population en général, pour combattre la peur et l’ignorance, pour éliminer peu à peu la soumission à la nature et aux forces naturelles que notre économie n’a pas encore maîtrisée. Convainquez petit à petit, en particulier les militants du parti, que nous finirons par vaincre la peur de la nature, et que l’être humain est la force la plus forte dans la nature. Exigez des membres responsables du parti qu’ils se consacrent sérieusement à l’étude, qu’ils s’intéressent aux choses et problèmes fondamentaux de notre lutte et vie quotidienne, et pas seulement dans les apparences. Apprenez de la vie, apprenons de notre peuple, apprenons des livres, apprenons de l’expérience des autres. N’arrêtez jamais d’apprendre. Des membres responsables doivent prendre la vie au sérieux, doivent être conscients de leurs responsabilités, attentionnés en les appliquant, et avec des rapports qui reposent sur des travaux et des devoirs accomplis…
Pratiquez la démocratie révolutionnaire dans tous les aspects de la vie de notre parti. Chaque membre responsable doit avoir le courage d’assumer ses responsabilités, arrachant aux autres un vrai respect pour son travail et le travail des autres. Ne cachez rien aux masses de notre peuple. Ne racontez pas de mensonges. Démasquez des mensonges quand ils se présentent. Ne couvrez aucune difficulté, aucune erreur, aucun échec ; ne faites pas croire à des victoires faciles » (Amilcar Cabral, directive politique aux membres du PAIGC, 1965).
Aussi est-ce un impératif qu’au fur et à mesure que nous avançons dans la lutte pour la conquête de notre souveraineté nationale, nous devons faire émerger une direction nationale collégiale et des directions locales collégiales de Pastef à même d’associer la prise en charge des tâches centrales et les tâches locales dans le cadre de l’indispensable liaison avec les différentes sections du peuple. Il est nécessaire d’impulser et d’organiser la formation idéologico-politique en complément des savoirs technico-professionnels et académiques des militants.
Comme le préconisait Mao Zedong, dans le contexte actuel de l’État néocolonial, dont les souverainistes toutes tendances confondues ont hérité, Pastef en tant parti doit mettre en œuvre
« l’indication formulée par Staline dans la neuvième des douze conditions de la bolchevisation des partis communistes au sujet de la formation du groupe dirigeant principal, nous devons l’appliquer dans toutes les administrations, dans tous les établissements scolaires, dans toutes les unités de l’armée, dans toutes les entreprises de production et dans tous les villages, grands ou petits. Le critère, lors de la formation d’un groupe dirigeant de ce genre, ce doit être les quatre conditions présentées par Georges Dimitrov quand il parlait de la politique des cadres (un très grand dévouement, la liaison avec les masses, l’aptitude à s’orienter seul dans une situation, l’esprit de discipline)… Dans toute l’activité pratique de notre parti, une bonne direction doit toujours être conçue d’après le principe : puiser dans les masses et apporter aux masses. Cela veut dire faire la somme des opinions des masses (dispersées et non réunies en système) et les porter à nouveau (généralisées et schématisées après étude) aux masses ; les populariser et les expliquer, en faire les idées des masses elles-mêmes afin que les masses défendent ces idées et les traduisent dans les actes ; en même temps, vérifier la justesse de ces idées d’après les actes des masses…
A chaque fois, ces idées acquièrent de plus en plus de vérité, de vie et de valeur… Nous n’avons pas épuisé toutes les particularités des méthodes de direction et nous attendons que les camarades sur place, partant de la thèse de principe donnée par nous, réfléchissent eux-mêmes en toute conscience à ces particularités et fassent preuve d’initiative. Plus la lutte est difficile et plus il est instamment nécessaire de relier la direction exercée par les communistes aux exigences des larges masses, de relier étroitement les mots d’ordre généraux des communistes, à une direction concrète, ce qui permettra de liquider définitivement les méthodes de direction subjectivistes et bureaucratiques… » (A propos des méthodes de direction, Cahiers du Communisme, octobre 1954).
Ne pas imiter, mais s’inspirer de l’expérience chinoise sur le chemin du façonnement de l’État souverain par l’organisation d’une démocratie participative militante et populaire et la mise en œuvre ainsi du centralisme démocratique pilotée par Pastef. C’est la voie pour compléter le leadership fortement personnalisé du président de Pastef par un leadership collectif collégial capable de garantir une adaptabilité tactique selon la réalité dans une continuité stratégique vers la souveraineté nationale panafricaine.
C’est aussi la voie pour que cette seconde phase de libération africaine du néocolonialisme ne subisse pas la tragédie des défaites de la première phase anti-coloniale. Le premier congrès doit entamer la mise en œuvre d’un processus pour doter Pastef de directions pratiques collégiales du sommet à la base chargées de la liaison permanente avec les masses laborieuses, avec le peuple pour que vive la souveraineté nationale dans la marche de l’Afrique vers la libération panafricaine.
C’est ainsi que nous concrétiserons ce que dit Sonko lui-même à savoir que « Le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux de l’heure » et capable d’accomplir sa mission de conduire le peuple à la libération nationale panafricaine.

